Fakenews: distinguons le Vrai du Faux sur Internet
Le président gabonais, Ali Ben Bongo est décédé dans la nuit du vendredi 27 au 28 octobre 2018. C’est ce que titre KIVUZIK, un magazine congolais spécialisé dans la musique dans son édition du 28 octobre. Pourtant en y regardant de près, les faits révèlent autre chose.
Faire du neuf avec du vieux
La publication de ce média en ligne fait part d’une vidéo qui prouverait les faits. Celle-ci est inexistante dans l’article. A la place, c’est un bout d’image représentant une femme qui est affichée.
La nouvelle a en fait été relayée par Vision 4, une chaîne de télévision camerounaise (et non gabonaise comme le prétend KIVUZIK) dans son édition de 20 heures le 27 octobre. L'Ambassade du Cameroun au Gabon a réagi pour désamorcer la bombe. Pendant ce temps, la nouvelle s'est répandue sur la toile comme une traînée de poudre.
De son côté, le site Afrique Infos signale que l’absence du président gabonais au sommet de la CEMAC (communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest) et l’annonce de son évacuation médicale vers l’Arabie Saoudite, a fait resurgir la vidéo d'une ancienne bourde de la télévision gabonaise sur les réseaux sociaux, dans laquelle une journaliste avait confondu Ali Ben Bongo à son père, Omar Bongo, dont c'était la commémoration de l'anniversaire de son décès.
La touche congolaise du FAUX
Distinguer le vrai du faux dans la webosphère congolaise nécessite du tact et de l’objectivité. La cible principale de ces infos étant les officiels. De la fausse photo montrant le président Kabila comme garde du corps du président rwandais Paul Kagame, aux images d’écoles délabrées du Gabon ou du Kenya, qui circulent en étant décrites comme provenant de la RDC pour diaboliser l’inaction du gouvernement pullulent en ligne.
La résurgence de la maladie à virus Ebola à l’est du pays, a fait naître de nombreuses théories conspirationnistes sur le fait, que le virus a été volontairement répandu dans la région pour exterminer les ressortissants de l’ethnie Nande, dans le but de leur faire quitter leurs terres par la force.
Ces rumeurs, d'abord alimentées dans des groupes Facebook et WhatsApp, vont s'envenimer avec les déclarations du député Mbindule Mitono, qui affirmait dans un message audio relayé par la presse, que le virus Ebola était une arme manipulée par les autorités, rendant difficile le travail des agents de santé présents sur place. D'autres opposants au régime iront dans le même sens comme Boniface Musavili pour qui, Ebola est bel et bien une arme fabriquée en laboratoire.
La déclaration de guerre
En Janvier 2018, le pape François a placé la journée mondiale des communications sociales sous le thème de la lutte contre les fakenews. L'Église catholique est l’une des institutions qui subit le plus les contre-coups de cette vague.
Le cas ayant le plus défrayé la chronique est celle d’une vidéo dans laquelle, Lucifer aurait été invoquée au cours d'une messe célébrée au Vatican et qui a été largement relayée par des pages et sites conspirationnistes.
Ajoutée celles indiquant que le Pape aurait déclaré, que le diable et l’enfer n’existent pas et bien d’autres qui connaissent, un fort taux d’engagement sur les réseaux sociaux en termes de commentaires, partages et réactions.
Malgré des initiatives dans certains pays comme au Bénin, l'Église catholique congolaise, à l’exception de quelques conférences débats notamment à Bukavu, n’a pas arrêté de stratégies digitales claires pour contrecarrer les fakenews.
Au niveau des géants de l’Internet, Facebook a convoqué en secret, un mini-sommet avec ses concurrents, élargi à d’autres acteurs, au cours duquel, des stratégies pour lutter efficacement contre ce phénomène ont été discutées. Des partenariats ont également été conclus avec des journalistes et médias pour vérifier l’authenticité d’informations circulant sur leurs réseaux.
Internet responsable
Je suis moi-même tombé dans le panier de la désinformation à l’occasion de la Coupe du monde Russie 2018. A la faveur de l’élimination de la Belgique par la France, un site parodique avait publié un article sur la révocation de Thierry Henry, considéré côté Belge comme une taupe. Il a fallu qu’un ami me signale qu’il s’agissait d’un site parodique.
Au-delà de l’humour, d’autres sites véhiculent des informations qui jouent sur la fibre émotive des internautes. Certaines initiatives ont été lancées au sein de l'Église catholique, mais elles sont encore trop restreintes.
En attendant, les Fakenews nous réservent peut-être d'autres mauvaises surprises, à l’approche des élections présidentielles et législatives de décembre 2018 en RDC.