RDC : l'un des pionniers de l'enseignement de l'informatique tire sa révérence
Fondateur de l’ISIPA, la toute première structure d’enseignement supérieur dédié à l’informatique en RDC (à l’époque Zaïre), Martin EKANDA ONYANGUNGA est décédé hier 17 juillet à Kinshasa.
Il était considéré comme l’un des premiers à avoir dispensé des cours d’informatique axés sur la gestion. Ce qui constituait un complément aux services de comptabilité des entreprises concernant les stocks, l’établissement des factures et les systèmes de paie des employés.
C’était ça être informaticien au Zaïre dans la génération 80 et 90, et même bien plus tard, au début des années 2000.
Quand j’ai entendu parler pour la première fois de l’ISIPA, c’était après avoir eu une conversation avec certains de ses étudiants, qui me vantaient les mérites des langages COBOL et Pascal. Une fixation qui m’a poussé à activement chercher des livres traitant sur le sujet.
À la place, ce sont 600 pages de Dbase que j’achetais près d’un vendeur occasionnel de livres qui les étale par terre à côté du stade des martyrs (les connaisseurs savent de qui je parle).
Le secteur de l’enseignement technique et professionnel est alors très relevé pour l’époque. Le département de Math-infos de l’Université de Kinshasa qui jouït de l'aura de la plus ancienne Université du pays, attire du monde qui au bout du compte, se lasse rapidement d’avoir à faire plus de mathématiques que d’informatique à proprement parler. Les déçus se rabattent sur d’autres institutions comme l’Institut supérieur de commerce, l’Esmicom ou encore dans mon cas, l’Ecole informatique des Finances. Les étudiants de ces différentes institutions rivalisaient entre eux. C’était l’époque des gens qui se promenaient avec des clés USB accrochés autour du cou pour montrer qu’ils étaient informaticiens.
L’évolution a pris le relais
Avec le temps, les besoins des entreprises ont évolué. La pénétration rapide de l’internet a stimulé les besoins en connectivité au début des années 2000. C’est le début du règne des V-Sat, des paraboles utilisés pour obtenir une connexion par satellite.
Les réseaux de télédiffusion, équipent aussi de plus en plus les ménages. L’ordinateur prend peu à peu sa place dans le décor des maisons.
Kinshasa vit alors sous le charme des machines. Des simples LAN à des réseaux plus complexes se multiplient.
Les administrations suppriment progressivement les postes de dactylographes pour laisser place à des secrétaires maîtrisant la gamme Microsoft Office. La demande en matériels et en connaisseurs explose.
L’ISIPA sautera rapidement sur l’occasion et diversifiera ses offres de formation en fonction de la demande en techniciens d’installation et de maintenance et en administrateurs réseaux. Mais c’est l’ESMICOM et ses formations de courte durée qui raflera un grand nombre d’étudiants praticiens. Une dynamique qu’adoptera également l’INPP, un institut public d’apprentissage aux métiers qui intégrera rapidement l’informatique dans son cursus.
Côté web, de nouvelles vocations apparaissent. Les sites Internet locaux se multiplient. Les webmestres de l'époque se délectent avec la gamme Macromedia (Dreamweaver) utilisée par les sociétés et FrontPage, une version à la Word pour créer des sites internet. Moi, je préfère faire mes classes avec le HTML 3.2 et Javascript, après des tentatives infructueuses sur Assembleur.
Visual Basic devient le langage de programmation de référence de l’informaticien modèle. Les plus poussés explorent Java et VB.Net. Les instituts se l'approprient et fondent tous leurs progiciels sur eux. Pour être à la mode, je troque des petits trucs pour 1200 pages de Visual Basic 6.0, ce qui à Kinshasa en 2008, était le nec plus ultra de la programmation. Son ancien propriétaire l'a conservé des années, mais n'a pas pu en exploiter les connaissances, car ne comprenant pas l'anglais.
Les souris n'ont pas été tendres avec mes livres d'informatiques.
L’évolution a pris le relais
L’ISIPA, l’Esmicom et l’ISC règneront en maîtres dans l’enseignement de l’informatique pendant encore plusieurs années, au grand dam de l’Université de Kinshasa et d’autres universités s’essayant au binaire. Aujourd’hui, de nombreux autodidactes ont émergé grâce à la démocratisation d’Internet. Malgré cela, L’ISIPA, l’Emiscom, l’INPP et l’ISC, constituent les principales institutions d’apprentissage de l’informatique les plus en vue à Kinshasa.