Quand la RTNC se duplique dans le numérique sans le vouloir
La toile congolaise s’est réveillée scandalisée par le manque de fair-play de l’équipe égyptienne d’Al Masry opposée à l’Association sportive V-Club en demi-finale retour de la Coupe de la CAF 2018, qui, n’ayant pas digéré sa défaite, s’est confrontée tour à tour au trio arbitral, aux supporters et saccagé les installations du stade des Martyrs. Mais au-delà de tout cela, je m’intéresse à un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps, le streaming.
La RTNC : la vache à lait
Pour les personnes étant dans l’impossibilité de se rendre au stade ou de suivre une rencontre à la télé ou à la radio, le direct diffusé en ligne sur Internet est devenu l’alternative. C’est la RTNC, chaîne nationale qui en fait les frais. De nombreuses pages sur Facebook et des chaînes Youtube diffusent son signal et en profitent pour faire de l’acquisition clientèle par le recrutement de fans et la publicité.
Etant éloigné d’un poste téléviseur (de toute façon pas de courant à la maison, vu qu’on dit que les bars soudoient les agents de la SNEL pour le couper et forcer les gens à venir regarder autour d’un verre), j’ai décidé de m’en remettre à une chaîne Youtube pour suivre le face-à-face V-Club – Al Masry.
Un cas désespéré
La chaîne sur laquelle je suivais le match n’avait que 43 abonnés et conditionnait l’accès aux images à l’affiliation des internautes.
Ils prétendaient ouvrir une connexion privée où seuls les abonnés suivraient le match.
Le fait que le nombre d’abonnés bougeait très peu les poussait à l'interrompre, provoquant l’irritation des internautes. Tout le match a donc alterné entre menace de déconnexion et insultes des internautes, certains ne comprenant pas qu’ils n’aient plus d’images malgré le fait de s’être abonné.
La consommation ?
Cette expérience m’aura coûté 640 mégas pour près de 2 heures de visionnage sur Google chrome. L’expérience faite par d’autres personnes a réduit cela à près de 400 mégas sur Opera réputé être l’économiseur des données de navigation par excellence. Les 600 mégas équivalent à environ 6.000 francs ou l’équivalent de trois bières dans un bar qui diffuse le même match.
Un Business qui décolle
Outre le fait d’augmenter le nombre d’abonnés, d’autres misent sur la diffusion de publicités provenant des programmes d’affiliation en ligne spécialisés dans les paris sportifs. Beaucoup plus loin en arrière, je regardais dans des conditions similaires, le match amical entre la RDC et la Tanzanie. La chaîne qui diffusait monnayait même les Mabanga (diffusant en bande défilante les louanges de toute personne prête à en payer le prix).
Facebook arrive
Ayant compris ce potentiel, Facebook a négocié les droits de diffusion de 32 match de la Ligue des champions UEFA pour la saison 2018/2021. Une diffusion qu’elle va restreindre dans un premier temps en ne donnant accès qu’aux pays de langue espagnole (Amérique latine). Un accord inauguré avec la retransmission de la finale de la Super coupe de l’UEFA entre le Réal et l’Atlético de Madrid.
Dans la foulée, la Liga espagnole a, elle aussi, signé un partenariat similaire pour retransmettre pendant trois saisons, les 380 matchs de la première diffusion gratuitement dans huit pays : l’Afghanistan, Bhoutan, l’Inde, le Népal, les Maldives, le Sri Lanka et le Pakistan.
Facebook semble bien compter sur l’audience générée par ces diffusions gratuites pour appâter les annonceurs et ainsi rentabiliser son investissement. Les canaux de diffusion traditionnels devraient repenser leurs business model et se préparer aux changements qu’introduisent les télés 2.0 dans la retransmission des événements sportifs.