Examen d’Etat : une élève enflamme les réseaux sociaux et remet en cause le système
Internet ne dort jamais à ce qu’on dit. En RDC, la toile est entrée en ébullition après qu'une élève, après avoir réussi aux épreuves ait exprimé son émotion à moitié vêtue. Une image qui a provoqué un tollé dans le pays où le niveau de l’éducation est constamment remis en question.
Des points à la Soviétique
C’est l’expression qu’utilisaient mes enseignants quand j’étais encore élève aux humanités. Mon professeur de mathématiques en troisième commerciale d’alors, visiblement coutumier des systèmes d’enseignement des pays de l’Est de l'Europe, nous disait que c’était dans les anciennes républiques soviétiques que l’on pouvait retrouver des élèves ou des étudiants atteignant 80 ou 90 %.
Des points anormalement élevés selon lui, car ne reflétant pas le niveau réel des apprenants et qui se donnent de façon complaisante.
Pour ma génération, la première du 21è siècle à avoir présenté les examens d’Etat en 2001, 70 % était l’objectif d’excellence à atteindre. 80 % un idéal. 90 % (on n’y pensait même pas, car conscient que cela relevait du mythe).
Pour moi qui ait fini en section technique et option commerciale, il était difficile d’imaginer faire un sans-faute au jury pratique (dactylographie) et en dissertation où suivant ce qu’on nous disait à l’époque, jamais personne n’avait réussi à obtenir tous les points.
J’ai fini avec 68 %. Une petite déception. Mais qui fut comblée par l’obtention de la bourse du Fonds social de la RDC de 300 $ par an pour ceux ayant obtenu entre 60 et 69 % et de 500 $ pour tous ceux ayant eu 70 % et plus.
2010 : les premiers doutes
Lorsque la RDC célébrait 50 ans d’indépendance, le pays était en ébullition, en attente des élections présidentielles de 2011. Dans cette optique, une rumeur, jamais vérifiée, prétendait que le Président en exercice et candidat à sa propre succession, aurait donné des instructions pour desserrer l’étau autour des finalistes des épreuves et futurs électeurs. Difficile de dire si cela était vrai ou s’il s’agissait d’une intoxication.
Quoi qu’il en soit, les 70 et les 80 % foisonnèrent. Mais là où le bas blessait était que la plupart de ceux ayant obtenu ces notes, étaient très souvent incapables de tenir une conversation soutenue en français. Les diplômes de cette époque furent appelés « diplômes du cinquantenaire ».
La COVID : le point d’achèvement
Le coronavirus est venu s’inviter dans le débat des diplômes d’Etat douteux. Avec un programme chamboulé, les élèves ne purent pas finir tout le programme. Le réaménagement du calendrier maintint tout de même la tenue des épreuves.
La publication des résultats donna lieu aux mêmes scènes de liesse, n’eut été celle de l’élève qui, malgré le tollé soulevé par cette publication, semble indifférente après avoir été interrogée par une chroniqueuse web. De plus, la profusion des 70, 80 et 90 % dans ce contexte particulier de crise sanitaire fait planer le doute sur la pertinence du système éducatif congolais.