19 ans après son lancement : qu’en est-il de Facebook en RDC ?
Mes débuts
J’ai ouvert mon compte Facebook en 2010, sans vraiment trop savoir pourquoi. À cette époque, c’était un effet de mode. L’informaticien lambda était celui qui se promener avec un flash disque attaché autour du cou. Les plus branchés avaient toujours leurs laptops (ASUS) à portée de main (dans un sac). Dans les couloirs du bunker (surnom donné aux allées de l’École informatique des Finances), la plupart des étudiants ne jurent que par ce réseau, Facebook, dans lequel ils peuvent échanger entre eux sans utiliser les SMS.
C’est donc par curiosité que je m’y connecte et crée un compte. Mes tout premiers contacts sont naturellement, ceux avec qui, j’échangeais dans les groupes de discussion sur Yahoo avec leurs longs messages à la chaine transférés de nombreuses fois et les forums de discussions de communautés informatiques. Mais on ne se rue pas encore. Les SMS dominent encore la messagerie instantanée, à tel point que lorsque le service fut suspendu en 2011 après les élections, c’était l’équivalent d’un Black-out. Sans SMS, Kinshasa n’arrivait pas à communiquer à moindre coût.
Puis, la diaspora s’en est mêlée. Copains d’avant, connaissances et autres ouvrent des comptes. Le débat public se transpose peu à peu sur Facebook qui devient très sollicité. Le réseau de télécommunication TIGO change la donne en rendant l’accès à Facebook gratuit pour ses utilisateurs, même sans forfait. Airtel de son côté, saute sur l’occasion en offrant des forfaits spéciaux via son smartphone Blackberry, le seul à l’époque à côté de l’I-phone qui prenait des photos acceptables pour être mis en ligne.
Facebook en RDC
Avec 6 millions d’utilisateurs actifs, Facebook s’est imposée comme la principale plateforme de messagerie en RDC. Kinshasa à elle seule concentre 57 % des utilisateurs, suivi de Lubumbashi (14 %), Bukavu et Goma (5 % chacun), Kisangani avec 2,6 %, Mbuji-Mayi (1,7 %) et Kolwezi (1,6 %). Un écosystème entier se met en place. Des groupes et des pages jettent le premier jet du commerce électronique en proposant des articles à l’achat et à la vente.
Malgré de nombreuses plaintes pour escroquerie, Facebook et WhatsApp sont les principales plateformes de vente en ligne en RDC selon une étude du cabinet Target de 2022. C’est en août 2021, que Facebook Market Place, la place marchande du réseau et ses 800 millions d’utilisateurs, a été ouverte à la RDC.
Outre le Commerce, Facebook s’impose également comme une plateforme d’expression et de libération de la parole, notamment des jeunes. Ce qui lui vaudra bien des soucis avec les autorités qui le censureront à plusieurs reprises.
Le réseau sera également la cible de prédicateurs qui lui reprocheront de pervertir les jeunes ou d’influencer négativement les perceptions et les comportements. À l’image du téléphone, qui a été peint dans une chanson populaire du musicien chrétien comme un instrument ayant accentué l’usage du mensonge, Facebook était à ses débuts, considéré de la même façon. Une perception qui s’est atténuée avec le temps.
Localement, Facebook a également lancé une série d’initiatives comme le programme BOOST pour la formation des entrepreneurs au marketing digital ou la collaboration avec les médias sur le fact-checking.
À un moment, une traduction de la plateforme en Lingala était en cours (en version Beta) et permettait d’utiliser Facebook avec une interface partiellement en Lingala.
Dommage que l’initiative ne soit pas allée jusqu’au bout.
Sécurité
En août 2020, Facebook a supprimé en RDC, 66 comptes, 63 pages et 5 groupes auxquels s’ajoutent 25 comptes sur Instagram. Créés essentiellement lors de la pandémie du Coronavirus et d’Ebola, ils ont fortement alimenté la désinformation publique sur les vaccins et contribué à la propagation de fausses informations. De nombreux comptes ont ensuite, changé de noms pour diffuser de la propagande à caractère politique.