La journée mondiale du fact-checking à l'épreuve des fakenews en RDC

2 Avril 2023 , Rédigé par TDK

Le fact-checking ou la vérification des faits, s’est imposé depuis plusieurs années comme une solution à la propagation des fakenews qui ont, non seulement ébranlé le paysage médiatique, mais également eu des répercussions sur la cohésion sociale. Le phénomène en RDC s’est aggravé à la veille des élections générales de 2018, avant de s’enraciner lors des épidémies d’Ebola au Nord-Kivu et de la crise COVID-19. Images tronquées ou sorties de leur contexte, fausses déclarations attribuées à des personnalités ; la toile congolaise est remplie de ces informations fausses qui accentuent la méfiance sur la crédibilité de l’information véhiculée via les médias sociaux.

Les fakenews ou infox comprennent trois notions : la mésinformation, la désinformation et malinformation dont les nuances se situent sur l’intention de ceux qui en sont les auteurs et de leur contexte d’utilisation.

Dans la mésinformation, l’information communiquée est fausse, mais n’a pas été créée dans l’intention de nuire ou de causer du tort. Celui qui la partage est donc généralement de bonne foi. La désinformation elle, est créée délibérément pour nuire à une personne, un groupe social, une organisation voire un pays. La malinformation par contre, est basée sur la réalité, mais détournée de son contexte pour causer un préjudice à une personne, une organisation ou un pays.

Les États généraux de la Communication ayant réuni les professionnels de la presse, avaient formulé des recommandations allant dans le sens de l’assainissement de l’espace médiatique par la suppression des comptes appartenant aux membres de la corporation ne se conformant pas à l’éthique, la déontologie et la règlementation sur la presse.

Néanmoins, la réponse institutionnelle au phénomène n’est pas encore suffisante et de nombreux journalistes et chroniqueurs internet peu formés ou scrupuleux, en usent sans restrictions dans une course à l’audimat où le nombre de vues et le trafic vers des sites web sont désormais rémunérés.

La paralysie de l’autorégulation par les organes de presse et l’inexistence de cadre juridique pour les nouveaux métiers de l’information et de la communication issus du numérique, se posent en obstacles à la mitigation du phénomène.

Cette décharge prise en photo il y a plusieurs années à Kinshasa, est constamment republiée pour faire croire qu'elle est récente

Twitter : le laboratoire de la désinformation en RDC

C’est de ce réseau que partent les principales infox diffusées dans le cyberespace en RDC. Une étude menée par la RNW Media dans le cadre de la Conférence Rights Con 2020, a établi que l’essentiel des infox présentes dans les différents canaux congolais y tirait leurs sources. Avec la purge opérée sur cette plateforme et le licenciement de nombreux modérateurs, les contenus douteux foisonnent.

La désinformation en RDC - RightsCon 2020

La prolifération des discours de haine est l’une des conséquences directes de la désinformation utilisée dans le but de nuire à des communautés et accentuer les tensions ethniques.

L’éducation : la meilleure arme

De nombreux experts doutent de la capacité de la législation à endiguer l’ampleur du phénomène. Avec une moyenne de 500.000 nouveaux utilisateurs qui se rajoutent chaque année sur les réseaux sociaux, la RDC constitue un vivier encore fertile des infox. L’approche des élections en fin 2023 n’augure rien de bon.

Le fact-checking n’est pas que l’apanage des journalistes. Chaque individu peut créer un mur contre la désinformation, en ne partageant pas les informations non vérifiées à ses proches. Le but ultime des auteurs de fakenews étant d’atteindre le plus de monde possible et jouer sur les émotions pour générer des réactions négatives.

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