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par Trésor Kalonji

Ancien Monsieur Sécurité de Mobutu : le Colonel Omba n'est plus

27 Août 2022 , Rédigé par TDK

Lorsque je rencontre l’homme pour la première fois, nous sommes en 2009. Celui que tout le monde désigne alors sous le nom de sénateur Omba est alors le président de la Fédération nationale des artisans, petites et moyennes entreprises (FENAPEC), le deuxième syndicat patronal de la RDC après la FEC et devant la COPEMECO où je suis engagé comme webmaster. C’était la deuxième expérience professionnelle de ma carrière informatique.

À bord de sa Toyota Fortuner de couleur noire conduite par son chauffeur, le major « Mukuwa » (l’os en lingala), le « président » venait de temps en temps pour assister aux réunions du conseil d’administration de l’organisation quand il ne présidait pas la commission défense et sécurité au Sénat. J’étais loin d’imaginer ce qu’était l’homme ainsi que sa carrière de militaire. Il a fait partie des cadets de la Force publique envoyés en formation en Belgique à l’Ecole Royale militaire à Bruxelles.

C’était la toute promotion d’élèves officiers de la Force publique où le grade le plus élevé jusque-là réservé aux noirs par les colons était celui de sergent-chef. Une promotion dont fit partie également mon oncle, le général Frédéric Bakatamba. Il était en compagnie des élèves officiers Elela, Eluki, Ipoma, Kabengele, Kalonga, Kasongo, Mukobo, Ndjate, Pungi, Sasa, Loano et Vuadi.

Première promotion des élèves officiers Congolais, Rwandais et Burundais à l'Ecole Royale militaire de Bruxelles
Première promotion des élèves officiers Congolais, Rwandais et Burundais à l'Ecole Royale militaire de Bruxelles

Lors de la table ronde de Bruxelles, certains, pleins d'initiatives et d'ambitions, n'hésitaient pas à côtoyer très tôt les politiciens présents à ses assises. Ce serait donc à cette époque que Raymond Omba fit la rencontre de nombreux cadres-clés du MNC Lumumba.

Dans la précipitation des événements qui mèneront à l’indépendance, la question de l’africanisation des cadres de la nouvelle armée congolaise pose problème et constitue l’une des causes de la mutinerie qui survint le 5 juillet 1960.

Dans sa tentative de calmer le jeu, Patrice Lumumba promeut rapidement les nouveaux officiers de l’Armée au sein des mutins. Les quinze cadets achèveront leur formation quatre ans plus tard et reviendront au pays au grade de sous-lieutenants. Il intègre alors l’auditorat des Forces armées qui est alors dirigé par un Belge, le colonel Van Halleweyn qui le prendra sous son aile. Deux jours après le coup d’État de Mobutu en 1965, c’est cet officier qui proposera à Mobutu de nommer Raymond Omba comme secrétaire de cabinet à la présidence.

En 1969, il est nommé Administrateur principal du Centre national de Documentation, ancêtre de l’ANR avant d’en devenir le chef, deux ans plus tard et atteindre le rang de Conseiller spécial en matière de sécurité du président Mobutu. C’est la casquette sous laquelle il fut le plus connu du grand public. Secrétaire particulier du Président, il a organisé le recrutement de sa garde rapprochée. Devenu Colonel, il en arrivait à gérer l’agenda privé du Président Mobutu. Une proximité qui lui créa beaucoup plus d’inimitié que de sympathie.

Le fameux coup d’État

Plusieurs versions contradictoires circulent sur les circonstances de cette affaire. Selon certaines personnes que j’ai interrogées, tout serait parti d’une thèse tirée par les cheveux qu’aurait inventée un sous-lieutenant en formation à l’Académie militaire de Sandhurst en Angleterre. Blessé lors de manœuvres, le lieutenant Kabamba sera transféré pour des soins aux États-Unis. Un séjour au cours duquel, il affirmera avoir été approché par l’attaché militaire zaïrois à Washington, le général Sumbu, pour le convaincre de prendre part au renversement du régime. Sur base de ce témoignage, Sumbu sera arrêté ainsi que d’autres officiers comme Omba. Jugés dans un procès non contradictoire, ils seront condamnés à mort en 1975 avant d’être graciés en 1979. D'autres officiers furent remerciés du simple fait qu'ils étaient de la même ethnie que les condamnés. 

Le Colonel Omba nous raconta une anecdote à la FENAPEC relative à ses quatre ans derrière les barreaux d’une cellule de la Cité de l’OUA sans chaise ni lit. Alors que la date de son exécution était déjà fixé, il dit avoir eu un songe dans lequel lui apparut la Vierge Marie qui le réconfortait avant le jour fatidique. Le report de l’exécution jusqu’à sa libération en fit depuis, un fervent catholique qui ne ratait jamais la messe matinale et la méditation dans la grotte mariale de sa paroisse.

Effacé de la scène publique, il aura consacré les dernières années de sa vie à tenter d’obtenir la révision de son procès pour laver son nom, car, le lieutenant Kabamba ayant révélé lors de la conférence nationale souveraine que le coup d’État était un montage destiné à se débarrasser d’officiers jugés trop ombrageux. 

 

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