Avez-vous pensé à ce que deviendrait votre profil après votre mort ?
Un certain 8 juin 2020, Emery Patrice Olengha, membre d’un parti politique et utilisateur actif de la plateforme Twitter tirait sa révérence. Après une longue absence suite à de problèmes de santé, il réapparait sur la plateforme en publiant son dernier message six jours avant sa mort des suites de la Covid19.
Réputé pour être la plateforme préférée des hommes politiques et des activistes, la Twittosphère congolaise, toutes tendances politiques confondues, lui rendra un hommage appuyé.
Dans la vie de tous les jours, ce sont des proches, amis, connaissances ou membres de famille qui passent l’arme à gauche. Sur le profil de la personne disparue, les tags ou mentions de ceux qui lui étaient proches se suivent.
Au-delà de la douleur, le plus dur est très souvent d’avoir à soutenir la vue du profil de la personne disparue dans sa liste d’ami(e)s. Une épreuve que beaucoup ne parviennent pas à surmonter, préférant se désabonner. Mais comment dès lors signaler au réseau social que l’utilisateur d’un compte n’est plus ?
Sur Twitter, la démarche doit être faite via un formulaire par un proche en fournissant des documents d’identité et un certificat de décès.
Une procédure assez différente sur Facebook où, le compte du disparu peut-être transformé en mémorial ou compte de commémoration supprimant ainsi les rappels d’anniversaire et excluant celui-ci du ciblage publicitaire.
Les contacts légataires
Sur Facebook, c’est une personne que vous choisissez et dont le rôle sera de gérer votre compte en cas de décès. Cette personne aura entre autre le droit d’écrire un Post funèbre, décider qui a le droit de répondre aux publications de condoléances et de mettre à jour vos images de profil et de couverture.
Cette personne pourra aussi si vous le spécifiez, télécharger toutes les données images, textes et vidéo de votre compte. Cependant, le contact légataire n’a pas accès à la messagerie privée du défunt. Une option qui peut être levée si la personne décédée fait l’objet d’une enquête judiciaire. Dans ce cas, une réquisition du Tribunal, un certificat de décès et des preuves d’affiliation avec le défunt doivent être présentés à Facebook pour que les messages privées soient accessibles au contact légataire.
Un domaine peu exploré
Qu’advient-il des avoirs numériques d’un défunt ? Les films, séries ou autres produits digitaux qu’il a acquis et stocké sur des plateformes en ligne seront-ils perdus à jamais ou peuvent-ils être légués à des proches ? Des interrogations auxquelles il est difficile de répondre et pour lesquelles, de nombreuses familles endeuillées n’ont pas la force ou le temps d’accomplir.
D'un autre côté, la sociologie du deuil tend à avoir une nouvelle tournure avec les nouvelles technologies. Des sites de commémoration gratuits ou payants permettent de se recueillir en souvenir d'un disparu, multimédias à l'appui comme on le ferait dans un cimetière le 1er août, la journée consacrée aux morts en RDC.
La société Microsoft a quant à elle déposé un brevet pour une intelligence artificielle qui se servirait des données numériques d'un défunt (historique des conversations sur les réseaux sociaux, images et styles) pour recréer des conversations avec ses proches.
Un terrain que les avocats et sociétés spécialisées dans la réputation pourraient explorer. Si une pierre tombale dans un cimetière rappelle le passage de quelqu’un sur la terre; pourquoi ne pas immortaliser cela dans le cyberespace avec des vidéo, images et textes qui rappellent ce qu’a été la personne de son vivant, les joies et les peines traversées ?
Ce serait peut-être le début des cimetières numériques.