Le Jeu : l'expérience dont ont besoin les enfants pour préparer leur vie d'adulte
Repenser l’apprentissage pour permettre aux enfants d’acquérir des compétences pendant qu’ils grandissent. C’est autour de ce concept qu’a été organisée la conférence AfricaPlay en Afrique du Sud autour de 400 chercheurs et éducateurs du monde entier.
Apprendre par le jeu. Si le concept fait de plus en plus du chemin, beaucoup hésitent encore à l’intégrer de façon formelle dans leur système éducatif. Si le débat sur la place du jeu n’est pas remis en cause au niveau de la maternelle par exemple, dans les classes montantes, c’est une autre paire de manche.
En RDC la notion même de jeux n’est associée qu’aux activités parascolaires où le foot et d’autres disciplines sportives font « logiquement » partie intégrante de l’évolution de l’élève.
Les chercheurs favorables à la ludo-éducation mettent en avant la créativité, la collaboration et la pensée critique comme apports que les jeux peuvent apporter à un enfant et qui, combinés à des compétences traditionnellement acquises (en cours) comme l’écriture, les mathématiques et la lecture, permettent au-delà de la simple socialisation, d’innover, de stimuler le travail d’équipe et l’effort collectif.
Un système réfractaire
Cependant, beaucoup d’éducateurs sont peu enthousiastes à ces idées nouvelles qui bousculent des postulats existants depuis des décennies. Le système, standardisé autour de leçons théoriques et pratiques qui sont sanctionnées par des contrôles de connaissances sont pourtant de plus en plus remis en cause, pour le fait qu’elles ne révèlent pas les potentialités de nombreux élèves, les enfermant dans un carcan qui laisse peu de place à la pensée créatrice ou à l’auto-refléxion.
C’est ce qui est connu en RDC par les mots : étudier pour comprendre, tricher pour réussir. Cette maxime que reprennent souvent les élèves limite l’école à une nécessité protocolaire, où l’on y va pour obtenir des points et valider son passage dans les classes supérieures, faisant des élèves des automates, sans réelles capacités propres et prêts à tout pour obtenir un diplôme, une sorte de récompense qui valorise son détenteur. Un attribut social que ceux qui ne le possèdent pas sont traités d’illettrés ou d’incompétents.
La flexibilité
Mais que faire si ce pourquoi on a fait de longues études n’est pas disponible sur le marché de l’emploi ? Comment font ces jeunes qui essaient de se reconvertir à des métiers pour lesquels ils ne sont pas préparés et qui chôment, faute de trouver ce pourquoi ils ont été exclusivement formés ?
Changer de métier demande beaucoup de flexibilité et des compétences qui ne s’acquièrent pas forcément dans nos écoles traditionnelles.
Un enfant qui joue régulièrement aux jeux (vidéo ou de société) développe des compétences cognitives comme la stratégie ou la concentration. Des caractéristiques qu’il expérimente dans des jeux (échecs, jeu de rôle, jeux de stratégie en temps réel) et qu’il va appliquer dans la vraie vie devant des situations présentant le même degré de complexité.
Les 5 compétences d’un enfant épanoui
Le développement d’un enfant est un puzzle influencé par plusieurs facteurs commençant par la cellule familiale, l’environnement et l’école. Des facteurs qui contribuent à construire la personnalité de ces adultes de demain. Il y’a 5 compétences importantes pour qu’un enfant s’épanouisse réellement :
- Emotionnelles :
Comprendre. Permettre aux enfants à la fois d’exprimer et de gérer leurs émotions face à des situations comme l’échec, la frustration, la peur ou le manque de confiance qui peut résulter d’une erreur commise par exemple. Ce sont des choses qu’ils expérimentent dans leurs interactions quotidiennes et qui pour beaucoup, influent sur leur morale et affectent durablement leur personnalité.
- Cognition :
Résoudre un problème complexe, une énigme, se poser les bonnes questions et procéder à leur résolution en usant de méthodes alternatives. Je ne vous dis pas comment de telles qualités aideraient beaucoup d’adultes souvent guidés par les émotions ou des impulsions et qui commettent des erreurs de jugement ou d’appréciation.
- Physique :
Développer des capacités physiques. En jouant, on n’est pas statique. On se détend plus souvent.
- Sociabilité :
Communiquer et collaborer permettent de créer de l’empathie et se mettre à la place des autres pour mieux comprendre ce qu’ils ressentent et expriment. Le partage d’idées et de perspectives crée plus de tolérance et de compréhension mutuelle.
- Créativité :
Proposer de nouvelles idées, en discuter avec les autres et les concrétiser permet de stimuler l’imagination et l’inventivité en sortant des sentiers battus.
Et les parents ?
On a beaucoup parlé des éducateurs, mais les parents ont eux aussi un rôle crucial dans ce processus. Si l’école de votre enfant n’adopte pas encore cette approche, créer un environnement pour permettre à vos petits de donner un sens au monde qui les entoure et développer leurs aptitudes dépend également de vous.
A l’intérieur ou à l’extérieur de chez vous, seul ou avec des camarades (ou vous-même), votre enfant découvrira le monde, prendra des risques, apprendra de ses erreurs et sera au contrôle de ses propres initiatives.
Le fait que cette activité soit pour lui plaisante, qu’elle implique une interaction avec d’autres personnes avec qui il peut s’exprimer, partager son expérience, le questionnement qui sera le sien quand à une étape il se parlera à lui-même en imitant des jeux de rôles où il incarnera les compétences d’un de ses personnages préférés, d’un héros ou d’un métier existant, sont autant de facteurs qui feront de votre enfant, un être réellement épanoui et armé pour affronter le monde qui l’attend. Alors, à vous de jouer !