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par Trésor Kalonji

Quels téléphones pour nos dirigeants ?

27 Février 2019 , Rédigé par TDK Publié dans #Afrique, #RDC, #Hackers, #téléphone, #piratage, #numérique

Félix Tshisekedi et ses téléphones
Le président Félix Tshisekedi et ses téléphones, en pleine entrevue à la radio

Le secret des communications a toujours été un sujet de taille. Si la constitution congolaise y consacre une place pour protéger les utilisateurs contre d’éventuels abus, la sécurité électronique des dirigeants congolais elle, peine encore à s’uniformiser. Car oui, un membre du gouvernement ou tout autre officiel congolais qui utilise un équipement non sécurisé menace de ce fait la sécurité nationale, car les données transmises par les équipements non-conformes peuvent tomber entre de mauvaises mains.

BYOD
Bring Your Own Device. Ce concept se réfère à l’utilisation du matériel privé d'un employé sur son lieu de travail. C’est votre ordinateur personnel, acquis par vous-même et dans lequel vous traiter des dossiers professionnels, y ouvrez des mails, rédiger des documents ou y stocker des données, mêmes celles confidentielles. Beaucoup d’entreprises rechignant à doter leur personnel d’outils de travail, cette tendance s’est généralisée dans la sphère professionnelle et public en RDC.

Le gouvernement congolais par contre développe une attitude paradoxale. Si l’administration ne trouve pas de mal à doter ses hauts cadres de véhicules de fonction, voire de résidences, il n’y a par contre, rien de spécifique en ce qui concerne les équipements de télécommunication comme les téléphones portables. Le fait qu’aucun service ne soit spécifiquement consacré à cette question laisse le champ libre à n’importe quelle structure du gouvernement d’adopter des mesures à sa guise.

Pourtant, le Premier ministre Matata Ponyo avait en 2014, pris un décret créant un comité de pilotage des services publics de l’Etat. Cette structure a dans ses attributions :


- L’informatisation des services publics
- La création d’une agence nationale de l’information des services publics
- L’élaboration d’un plan numérique national 

Le troisième point sur le plan numérique comprend des choix technologiques et un schéma directeur pour l’exploitation d’un système d’information de l’administration et des services publics. 

C’est donc à ce niveau-là, que l’épineux problème de la sécurité des communications et des équipements gouvernementaux, aurait pu être résolu notamment via l’article 8 du décret qui parle de la conception de technologies permettant l’intégration de tous les services de l’Etat sur une plateforme unique et sécurisée. 

Malheureusement, ce comité de pilotage de dix membres, piloté par le Premier ministre n’est pas allé plus loin que le décret qu’il a institué. 

De plus, ce décret vient empiéter sur un autre, signé lui par le président Mobutu en 1987, portant réglementation de l’activité informatique au Zaïre et qui instituait pour des raisons à peu près similaires, le service présidentiel informatique zaïrois. 


Les codes et les cerveaux qui font peur

La crainte suscitée par le fait que nos officiels utilisent des téléphones « ordinaires » ou non certifiés par nos services résident dans l’action que pourrait initier, une puissance étrangère ou des groupes isolés pour intercepter les communications ou les documents transitant à travers ces équipements. 

De plus, les applications malveillantes conçues par des hackers peuvent suite à l’insu des utilisateurs VIP, glaner des informations qui pourraient ainsi se retrouver entre les mains de leurs concepteurs (pirates) et alimenter la documentation d’informations classifiées du dark web. 

Une expertise locale peu structurée

Les hauts responsables s’ils ne se rabattent pas sur les choix opérés par leurs administrations dans la sélection des équipements, confient ces tâches à d’autres personnes, des assistants personnels et membres de staff. 

Ce sont les « informaticiens » du chef, recrutés en fonction de diverses affinités. Ce sont eux qui débloquent le téléphone quand celui-ci se plante, à qui on le confie pour installer une application via Playstore ou lorsqu'une vidéo sur WhatsApp ne lit pas.
 

Tant qu’aucun service public ne sera spécialement constitué et que l’expertise des start-up pour concevoir des solutions de sécurité locale affranchies de celles développées par des entités étrangères ne sera pas mise à profit, la RDC continuera à être, le pays d’Afrique le plus espionné par les services de renseignements occidentaux. 

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