La cybercriminalité en RDC en chiffres.
Parler de cybercriminalité dans le monde fait jaillir dans la conscience collective les récits de ces hackers, qui siphonnent des comptes bancaires, mettent à genoux des sites web ou réalisent d’autres prouesses techniques à des fins lucratives ou idéologiques.
En Afrique et particulièrement en RDC, le phénomène a dans un premier temps était porté par les arnaques en ligne, d’abord par e-mail, puis sur les réseaux sociaux. Au fil des ans, techniques et procédés se sont diversifiés. Dix-huit mois d’investigations m’ont permis d’exhumer les statistiques des cas de cybercriminalité perpétrés en RDC entre janvier 2017 et septembre 2018. Les données proviennent de la Police nationale congolaise (que je remercie au passage).
Plus grave que ce qu’il n'y parait
Lorsque je recevais ces données, je m’attendais en toute sincérité à avoir à éplucher une centaine de cas dans le pire des cas. À mon grand étonnement, au cours de cette période, les forces de police ont traité 1.882 cas de cybercriminalité, répartis dans 17 catégories différentes. Ce qui représente statistiquement une centaine de cas par mois en moyenne.
Et cela ne constitue que les cas pour lesquels des plaintes ont été déposées. L’absence de deux catégories pour lesquelles j’ai pu recueillir des témoignages, suggère que ces chiffres pourraient représenter moins de la moitié des cas réels en RDC.
- Usurpation d’identité et escroquerie : 258 cas
Les cas relevés par la police congolaise concernent essentiellement, des personnes utilisant l’identité d’autrui en ligne et qui se font passer pour elles en escroquant les proches de la victime en leur nom. Généralement opérée via les réseaux sociaux, elles ont également eu lieu pour certains cas via le piratage de comptes e-mails.
- Chantage à la Webcam/sextorsion : 78 cas
User de charme en se faisant passer pour une jolie jeune fille. La conversation commence d’abord par e-mail ou plus souvent sur les réseaux sociaux (Facebook et WhatsApp) où les victimes sont abordées par des inconnues. Le développement de la relation supposée amoureuse, aboutit à une séance érotique par webcam. Si la victime s’exécute (ou pas), la scène enregistrée (ou un montage) sert d’élément de chantage en échange du paiement d’une rançon, sans quoi, la vidéo est postée en ligne et envoyé à tous ses contacts.
- Fraude sur compte mobile ou bancaire : 143 cas
Ce nouveau type de fraude est opéré via les comptes mobile money des opérateurs télécom. Elle touche également les banques. Les opérateurs en RDC ont depuis, lancé des messages de sensibilisation à leurs abonnés pour se prémunir des appels de faux service client leur demandant des informations confidentielles.
- Fraude à la SIMBOX : 2 cas
Elles permettent de contourner la régulation et de faire transiter des appels internationaux. Cette arnaque fait perdre 120 millions de $ à la RDC selon une dernière estimation du ministère des postes et nouvelles technologies.
- Fourniture clandestine de l’internet : 40
Des petites start-ups se sont montées officieusement et ont commencé à fournir une connexion internet sans être déclarées. Ces ISP pirates fuiraient une législation trop étouffante.
- Détournement de numéros de téléphone mobile : 20 cas
Quelqu’un connaissant le numéro du ministre des Finances ou de toute autre autorité ou utilisant un numéro masqué, peut par exemple simuler un appel de ce dernier chez un subalterne voire même envoyer un SMS. C’est ce qu’on appelle : l’arnaque au président. Un homme d’affaires béninois s’était fait escroquer 3 millions de $ par des arnaqueurs se faisant passer pour le président Joseph Kabila en 2013.
- Arnaque à l’emploi : 198 cas
Dans un pays où l’emploi est rare, des personnes désespérées sont prêtes à tout pour décrocher le job de rêve. Une condition cependant, votre premier mois de salaire sera perçu par ces commissionnaires. Pour vous assurer d’être retenu, vous devez envoyer de l’argent via un compte de mobile money.
- Arnaque à l’inscription sur Internet : 10 cas
Ne jamais laisser des intermédiaires faire des démarches à votre place. Surtout, lorsqu’il s’agit de vous inscrire dans une supposée université à l’étranger (Ukraine, Canada ou ailleurs en Asie).
- Arnaque à l’héritage : 240 cas
C’est dans ce domaine qu’excellent très souvent nos amis de l’Afrique de l’Ouest. Ces brouteurs surfent sur l’actualité internationale pour se faire passer pour des personnes persécutées désirant sécuriser leurs avoirs et qui ont besoin de vous à cet effet.
- Vente frauduleuse sur Internet : 60 cas
Un particulier ou une société vous propose un véhicule, une pilule miracle pour faire grossir votre….. Vous vous exécutez via une agence de transfert de fond ou par carte de crédit et commence une longue attente.
- Pédopornographie : 450 cas
C’est un type de pornographie mettant en scène des enfants. Elle très active via Facebook et WhatsApp notamment et des réseaux entiers se sont constitués localement.
- Diffamation et insultes en ligne : 95 cas
Bon, de ce côté-là, certaines personnes ont tendance à trop exposer leurs émotions au point de dire de quelqu’un des choses inexactes ou de s’emporter.
- Fausses conférences : 43 cas
Une annonce alléchante sur une conférence sur un sujet d’intérêt est publiée dans un groupe Facebook ou via WhatsApp. Les organisateurs assurent prendre tout en charge à l’exception de certains frais mineurs de traitement administratif qui vous incombent. Vite, vous vous faites faire un passeport, le scanner et l’envoyer (cette copie du passeport sera revendue au marché noir.) , puis plus rien.
- Vol de véhicules par contact téléphonique : 25 cas
A un certain moment a régné à Kinshasa un phénomène de vol de voiture. Pendant une course en taxi, un client « satisfait » de la conduite du chauffeur lui demande son numéro de téléphone pour le recontacter pour des courses ultérieures. Une fois le contact rétabli, le « client » drogue le conducteur et s’enfuit avec le véhicule.
- Menace de mort par appel téléphonique ou via Internet : 153 cas
- Défacement de site web : 17 cas
Modification ou altération de contenu de site web
- Vol des unités téléphoniques : 50 cas
Similaire à l’arnaque à l’emploi. Cette fois, ce sont des unités téléphoniques qui sont exigés au futur candidat (généralement d’une valeur supérieure à 5 $). Ces unités sont ensuite revendues au marché noir ou sur WhatsApp.