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par Trésor Kalonji

Starlink en RDC : Opportunité ou menace pour l'accès à Internet ?

15 Septembre 2024 , Rédigé par TDK

Le lancement des services de Starlink, le fournisseur de connexion internet par satellite de l’homme d’affaires 'Elon Musk, a suscité un vif débat en République démocratique du Congo. En offrant une connexion internet via des satellites en orbite basse, Starlink se présente comme une solution efficace pour répondre aux défis d’accessibilité aux services numériques, notamment dans les zones rurales éloignées et mal desservies par les infrastructures traditionnelles. Cependant, en septembre 2023, l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) a suspendu la commercialisation de ces services pour défaut d'homologation, provoquant des discussions animées sur les conséquences de cette décision, y voyant une occasion manquée d’améliorer la connectivité en RDC.

Les risques de monopole : une épée à double tranchant

L’une des principales inquiétudes soulevées par l’introduction de Starlink dans plusieurs régions du monde concerne le risque de monopole technologique. En proposant des services à des prix significativement plus bas que ceux des fournisseurs locaux, Starlink pourrait rapidement devenir dominant sur le marché, marginalisant les acteurs nationaux. Même si réduction des coûts peut sembler bénéfique pour les consommateurs, la concentration d’une telle part de marché entre les mains d’une seule entreprise comporte des risques à long terme. Une fois la concurrence affaiblie, Starlink pourrait être tenté d’augmenter ses prix, rendant les services moins accessibles, tout en freinant l’innovation. C’est ce que rappelle en substance, Jessica Rosenworcel, Présidente de la Commission Fédérale Américaine en charge des communications, indiquant que Starlink contrôle 2/3 des satellites (près de 7000) en orbite et pourrait à l’horizon 2025, concentrait 90 % du trafic mondial dans ce segment.

Un sentiment de déjà vu

Cette crainte n’est pas nouvelle, particulièrement si on la compare à l’histoire des télécommunications en RDC. Au début des années 1990, le marché de la téléphonie était dominé par un opérateur privé (Telecel). Cette situation de monopole rendait l’accès à la téléphonie extrêmement coûteux et réservé à une élite. À titre d’exemple, acquérir un téléphone coûtait environ 2 500 dollars, une somme exorbitante dans un pays où la majorité de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Même avec l’ouverture progressive du secteur à d'autres acteurs comme Comcell en 1995, l’accès restait limité. Ces opérateurs avaient respectivement 14 000 et 3 000 abonnés, des chiffres faibles en raison des tarifs prohibitifs. L’entrée en lice de Celtel en 1999 n’a pas fondamentalement changé cette réalité. Les coûts de communication restaient élevés et peu adaptés au pouvoir d’achat local. Il fallait par exemple débourser 10 $ minimum pour une carte d’appel avec une validité de trente jours et à des tarifs coûteux. L’arrivée d’Oasis (ancêtre de Tigo) ne changea pas grand-chose à la situation. Ce n’est qu’à partir de 2001, avec l’entrée de Vodacom que les choses ont commencé à bouger. La concurrence s’était intensifiée, forçant des entreprises comme Celtel à revoir ses offres. Africell aura certainement été celui qui modifia profondément l’écosystème. La société a instauré un système intra-appels connu sous le nom d’Allo na Allo. Une innovation qui poussa les autres opérateurs à réadapter leurs offres en proposant les forfaits journaliers à prix cassés que nous utilisons jusqu’à aujourd’hui.

 

Vers une régulation équilibrée

Le passé des télécommunications en RDC montre que la concentration du marché entre les mains de quelques entreprises peut limiter l’accès aux services pour une grande partie de la population. La situation de Starlink en RDC soulèvera des questions similaires lorsque la société entamera officiellement des démarches pour s'implanter en RDC.

D’une part, elle représente une solution efficace pour connecter des régions isolées, notamment en milieu rural, là où les infrastructures de fibre optique ou les réseaux terrestres sont insuffisants. D’autre part, la régulation devra s’assurer que la concurrence demeure saine et que le marché ne soit pas accaparé par un seul acteur.

Dans ce contexte, le régulateur devra trouver un juste équilibre entre encourager l’innovation technologique et préserver la concurrence. Si Starlink peut aider à combler les lacunes de connectivité dans certaines régions, il est également crucial que les autorités s’assurent que les acteurs locaux puissent rivaliser et offrir des alternatives viables. Cette concurrence est essentielle pour maintenir une diversité d’offres et garantir aux consommateurs des services de qualité à des prix abordables.

J'espère que lorsque Starlink introduira officiellement sa demande en RDC, que tous ses paramètres seront pris en compte par l'ARPTC.

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