La RDC déclarera-t-elle sa souveraineté numérique le 30 juin ?
De la RDC on aura tout dit : utilisation de messagerie électronique gratuite par les institutions, hébergement des données hors du territoire dont la fameuse polémique sur l’interception du trafic internet du pays par le Rwanda. Le pays était jusque-là un désert numérique où ne subsistaient que quelques oasis isolées. Institution en charge de la gestion du domaine pays, la société congolaise des postes et des télécommunications annonce de grands changements dont l’issue pourrait à terme, changer la physionomie de l’écosystème numérique.
Un domaine pays plus rapide et facile à obtenir
Après avoir été gérées par des sociétés privées en Australie, en Norvège, en Allemagne et en Afrique du Sud suite à des contraintes logistiques, la gestion du domaine .CD est désormais sous la tutelle de la SCPT. Peu envié par les webmasters pour son coût (se négociant à 100 $ ou plus) et à des problèmes de stabilité. Une indisponibilité qui a été comblée par une redondance sur un segment de la fibre reliant Brazzaville et un réseau (Enicast) de 200 serveurs disséminés à travers le monde. Pour en faciliter la rapidité et l’accès, les opérateurs télécoms sont sur le point de l’intégrer. Le prix de vente en gros du domaine CD passera de 35 à 10 $ et la latence, de 30 à près de 4 millisecondes.
Des infrastructures locales
La construction de trois datacenters à Moanda, Kinshasa et Lubumbashi permettra à terme d’héberger les données sur notre territoire, répondant ainsi à une recommandation maintes fois formulée de rendre le trafic internet local. Ce qui aura pour avantage de favoriser, grâce aux points d’échanges, la diffusion de contenus de diverses natures et faire l’économie des liaisons satellites.
La conséquence logique sera des coûts de gestion plus abordables pour les intermédiaires, qui disposeraient ainsi le déploiement de services nécessitant des performances élevées et une faible latence. Ce qui influera sur les prix des services ou sur le coût de l’internet. Le Nigeria qui a déjà une longueur d’avance, a économisé 40 millions de dollars et fait passer sa bande passante de 300 mégabits par seconde à 125 Gigabits par seconde en 2020.
Ces réformes permettront à terme de s’assurer que le trafic des opérateurs ne passera plus sur des territoires étrangers, limitant les risques (mineurs mais réels) d’une interception.
La SCPT prévoit également de fournir des solutions d'hébergement locales aux startup et entreprises. Les ressources actuelles consacrées à la gestion du domaine pays couvrent moins de 5% des capacités, ce qui laisse le champ à des solutions de hosting confie une source interne.
Une meilleure sécurité juridique
Répondant à un besoin de transparence, la SCPT ne pourra plus fermer un site internet dans le cadre de la censure. Les personnes et entités victimes d’une mesure arbitraire peuvent se plaindre auprès de l’ICANN, l’organisme mondial en charge de la gestion des noms de domaine.
Le rendez-vous est donc pris pour le 30 juin pour voir si le processus sera déclenché.