Porte-étendard de la haine en ligne : Boketshu wa Yambo aux arrêts
Les faits semblent pourtant routiniers. À chaque apparition d’un officiel Congolais en Europe, des opposants congolais qui se désignent sous le label de « combattants » protestent. Ils sont dépeints comme les plus virulents et souvent les plus violents. Ayant pris de l’ampleur sous Joseph Kabila ; une frange continue à s’opposer à son successeur Félix Tshisekedi. Le plus virulent d’entre eux, Boketshu Ier, un ancien musicien réfugié en Belgique en était la figure de proue, jusqu’à son arrestation en marge du Sommet sur le financement des économies africaines à Paris.
Boketshu a toujours revendiqué une identité zaïroise en référence au régime Mobutu. Il s’est mis en exergue au cours de nombreuses manifestations. Via sa chaine Youtube, il incite fréquemment à la haine et au meurtre contre ceux qu’il considère comme les ennemis de la République. Avant les élections de 2018, il décrètera un embargo sur toutes les productions scéniques des musiciens congolais qu’il accuse de ne pas s’impliquer dans la dénonciation du pouvoir de Kinshasa. JB Mpiana ne put donc pas se produire au Zénith de Paris en 2013. Fally Ipupa est également obligé de décommander ses prestations en Hexagone. Alors nouveau venu de la scène musicale, Ferre Gola tente le forcing avec un méga concert au Zénith de Paris. Malgré un dispositif policier musclé, des heurts violents éclatent et le concert est annulé.
Sur sa chaine, il attise la haine ethnique sur fond de rwandophobie. Il déchire le drapeau de la RDC devant les caméras. Il popularisera le concept de N na N entendu comme le fait de haïr tous ceux qui émettent un avis contraire au sien. Ethnocentré, il participe avec d’autres acteurs du web à la polarisation du discours politique.
Fally : l’outsideur
Coincés au Congo faute de production en Europe, de nombreux musiciens tombent petit à petit dans l’oubli. D’autres s’adaptent et multiplient les tournées africaines. Sauf Fally qui prend le pari de jouer à Bercy (Accor Arena). Une foule immense brave les menaces des combattants. Des heurts éclatent et des véhicules sont incendiés à la gare de Lyon. Les images montrant des manifestants empêcher les pompiers d’éteindre les feux choquent. Une violence de trop qui voit des politiciens français monter au créneau pour réclamer des comptes. Leader de l’extrême droite, Marine Le Pen hausse le ton.
La réussite du concert et la condamnation de la classe politique française seront le premier revers médiatique d’envergure des combattants. Dans la foulée, Zaïko Langa Langa, un groupe légendaire se produit le jour qui suit à Bruxelles. Sous le feu des projecteurs suite aux dérapages de Paris, la mobilisation des combattants y est faible et le concert a lieu. Pendant ce temps, de nombreux internautes taguent la Police parisienne sur une vidéo où l'on voit Boketshu, accompagné d'hommes montrer des véhicules et scooters à incendier à la gare de Lyon.
L’arrestation de Boketshu serait liée aux incidents de 2020 à Bercy.