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par Trésor Kalonji

Le Web et la communication politique en RDC

4 Janvier 2022 , Rédigé par TDK

Dans une publication faite sur Twitter, l’un des membres de la cellule de communication de Martin Fayulu a fait une comparaison du nombre de vues des adresses à la Nation de son leader et du Chef de l’État. L’intention étant de montrer que l’un était plus suivi que l’autre.

Un énième débat qui pose la question de la structuration de la communication politique autour des médias en RDC.

Par le passé, le politicien souhaitant asseoir son influence dans l’opinion se doter de ses propres organes de presse. Chaine de télévision ou de radio et Presse écrite étaient les vecteurs de communication dont il fallait disposer pour toucher le plus de monde possible. Les télévisions RTVS1, Canal futur, Radio Lisanga, CNTV, Nyota TV, Mapendo TV et Digital Congo ; sont le reflet de cette quête de la maitrise de l’information politique dans l’espace médiatique de ces quinze dernières années, à la base de nombreuses restrictions.

La communication politique s’est longuement servie des médias de masse, dont la télévision et la radio pour véhiculer ses messages à grande échelle. L’émergence de nouveaux canaux a transformé le paysage et mise sur l’immédiateté, la proximité et l’interaction ; trois postulats sans lesquels il est aujourd’hui difficile d’évoluer dans un environnement où la portée d’un message résulte de sa couverture (combien de personnes il touche) et du contenu qu’il véhicule.

Et le web vint tout bousculer

Roger Lumbala, ancien opposant, déclarait après l'incendie de sa chaine RLTV émettant à Kinshasa, qu’il avait investi 250 000 $ pour sa création. Un capital qu’Internet a aujourd’hui réduit à une centaine de dollars. Des journalistes et chroniqueurs ont ainsi sauté sur l’occasion pour s’affranchir et se lancer dans la communication politique grand public.

L’émission Tokomi Wapi a servi de tremplin au désormais député Eliezer Ntambwe, alors que Bosolo Na Politik est passée d’émission en ligne à chaine émettant sur la TNT. Plusieurs autres émissions faites en freelance ont capitalisé leur succès sur Internet pour être reprises dans de nombreuses télévisions locales.

Cependant, maitriser le web et ses subtilités n’est pas à la portée des communicateurs classiques. Si pour beaucoup, l’intérêt premier est de disposer d’une communauté numériquement importante, ils oublient que cet aspect peut se révéler inefficace dans les interactions. Sur certains comptes, ce sont les « haters » et les « trolls », représentant souvent 30 à 40 % de l’audience qui se livrent à des commentaires désobligeants ou des critiques acerbes, alors que la vraie communauté est, elle, très souvent aphone, se contentant de Likes ou à la limite de Retweets.

Obama : un cas d’école

Les élections présidentielles de 2008 qui ont porté Barack Obama à la tête des États-Unis ont été révélatrices de l’appropriation que s’est faite le discours politique dans la stratégie électorale de l’ancien président. Une stratégie qui au-delà de simplement diffuser des messages, a permis de recruter des partisans (notamment à travers une levée de fonds impressionnante), des volontaires pour des actions de terrain (rassemblements, porte-à-porte), contrer les rumeurs et décupler l’audience des médias traditionnels où les messages de campagne étaient déjà diffusés.

En RDC, l’Internet pris comme un espace qui implique les citoyens dans le débat public mettant l’électeur au centre du processus de création des idées est encore loin du compte. Les acteurs, ou du moins, leurs communicologues, ont polarisé les prises de parole, créant des discours propices au développement des extrémismes.

Les fakenews et les discours de haine ont favorisé les griefs collectifs, qui incluent des données liées aux divisions sociales (haine et intolérance entre groupes, oppression et sentiment d’être opprimé, passé de violences contre un groupe, persécution ou intolérance basée sur la religion) et la violence intercommunautaire. Ces indicateurs documentés dans le Fragile States Index ont été en hausse en RDC entre 2011-2019, atteignant leur score le plus élevé entre 2017-2019.

Parmi les communicateurs politiques qui attisent les tensions sur les réseaux sociaux figurent de nombreux journalistes. Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel avait pourtant exhorté ceux ayant rejoint des cabinets politiques de prendre congé de la profession afin éviter les conflits d’intérêts. D’autres journalistes ont par la même occasion, créé des médias en ligne dans le but d’influencer l’opinion tout en répandant des fakenews, polarisant davantage, les débats en ligne en RDC.

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