Privés de retransmission télé : les fans congolais de Basket se sont rabattus sur les réseaux sociaux
Le Basketball en République démocratique du Congo tend à passer dans l’imaginaire, comme un sport qui ne suscite pas l’adhésion populaire. Certains même le considèrent comme trop élitiste et réservé à une catégorie sociale aisée. Pourtant, la réalité est toute autre.
Si le football est sans nul conteste le sport Roi, le basketball occupe la deuxième place parmi les sports préférés des Congolais selon une étude du cabinet français Kantar réalisée en 2018.
Les retombées de l’AfroCAN 2019
Là où la popularité du Basket congolais a pu être mesurée, c'était lors de la première édition de l’AfroCAN, une compétition réservée aux joueurs évoluant sur le continent et qui s'est déroulée au Mali.
Alors que l'équipe de football essuyait un revers en Coupe d'Afrique (Egypte 2019), le moral des Congolais était au plus bas. Tout le monde ruminait sur cet échec, cherchant un bouc-émissaire à clouer au pilori.
Le déplacement des basketteurs pour l'AfroCAN passa ainsi inaperçu, même pour la direction des sports de la Télévision nationale (RTNC) qui se contenta d'un simple communiqué pour l'annoncer. Conséquence : aucune couverture médiatique tout le long de la compétition.
Pour y palier, la Fédération congolaise, faute de pouvoir préconiser aux fans de suivre les matchs sur l’ORTM Mali (seule chaine diffusant la compétition sur le bouquet Canal +), a du recourir aux réseaux sociaux, non pas seulement pour informer les fans des préparatifs avant la compétition et pendant celle-ci, mais également pour assurer une retransmission en direct sur Facebook et Youtube.
Contre toute attente et loin des préjugés entourant la consommation de la vidéo online (dont on dit qu’elle serait onéreuse et consommerait beaucoup de mégas), les fans ont à l’unisson, accompagné l’équipe durant toute la compétition sur les réseaux sociaux.
Pour une page Facebook de 25.931 fans, l’engagement avait atteint un taux record de 95% selon les données que j'ai pu recueillir auprès du community manager de l'équipe nationale Samuel Matondo.
A titre d’exemple, la retransmission en direct de la finale qui avait duré 2 heures 20 minutes a, à elle seule, généré 124.000 vues en moyenne.
Les publications de la page Facebook (tous formats confondus) ont été vues par 2.452.676 personnes, soit une hausse de 3.486% par rapport au mois précédent.
L’engagement global sur le mois a lui également connu un bond spectaculaire de 2.407 %
Cette expérience inédite a montré comment les réseaux sociaux se sont posés en alternative, à défaut de couverture d'un événement par les médias traditionnels.
Ce précédent et l'engouement que cela a suscité pose également la question de la place du marketing digital dans notre pays et de ses implications.
Sponsor officiel de l'équipe nationale, la Rawbank, a aussi vu son trafic social augmenter au fur et à mesure des performances de l'équipe. Je n'ai malheureusement pas pu avoir les données chiffrées à ce sujet. Mais l'observation faite sur la page de la Banque dénote plus de portée et d'engagement sur les publications des léopards que de celles postées de façon ordinaire.
Peux-t-on dès lors envisager le streaming comme une alternative sérieuse au broadcasting traditionnel en RDC ?
L'avenir nous le dira.