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par Trésor Kalonji

Les maladies du numérique

3 Septembre 2018 , Rédigé par tresorkalonji.over-blog.com Publié dans #digital, #numérique, #pathologies, #maladies

L’écosystème numérique est vaste et complexe aussi bien pour les néophytes que les professionnels. Je me demande même pourquoi personne n’a pensé à organiser un cursus de formation de type universitaire ou professionnel en RDC qui explore le digital en le juxtaposant aux sciences avec lesquelles il a des ramifications.

Enfin bref, comme tout écosystème vivant (bien que celui-ci soit binaire), il existe un certain nombre de pathologies qui y sont associés et que je vais décrire brièvement :

Néphophobie : c’est la peur de ceux qui refusent de se connecter au cloud. Soit parce qu’ils se disent que quelqu’un d’autre pourrait y voir leurs données (théories du complot englobant CIA, NSA, Illuminati et Hackers) ou soit parce qu’ils voient simplement d’un mauvais œil, le fait de stocker leurs données personnelles ailleurs que sur leurs périphériques propres.

 

Blurring : en gros il s’agit d’une hyper-connectivité qui avec la technologie permet aux salariés de travailler à partir de n’importe où (dans les transports en commun, dans un arrêt de bus, à la maison, à l’église, etc). Cela a très souvent pour conséquence de grignoter une du temps sur votre vie privée.

Bon, les spécialistes du digital et ceux qui l’utilisent dans leurs tâches quotidiennes savent de quoi je parle. Personnellement, j’ai eu à vivre une pareille expérience en 2014. Appels et e-mails incessants, coups de fils très tard (jusqu’à 22h), des week-ends qui n’en étaient pas…et au finish : surmenage. Le monde commence à tourner autour de soi et on commence à voir de petits oiseaux bleus (si si comme sur Twitter).

Fear of missing out (FOMO) :

Quand quelqu’un qui ne s’est pas connecté aux réseaux sociaux, éprouve le sentiment de rater quelque chose d’important et panique, alors ce syndrome est celui qui l’anime. J’ai passé 48 heures sans me connecter (on avait piqué mon téléphone qui me servait à la fois de modem).

De retour en ligne, j’ai trouvé une centaine de messages non lus dans ma boite mail et plus de 3.000 notifications sur WhatsApp. Certains amis m'ont même envoyé des messages désobligeants du genre « où t’étais passé *u*ain ? ». Décidément.

Illectronisme :

Bon, c’est le terme que les français ont trouvé pour qualifier d’illettré, quelqu’un qui ne maîtrise aucun outil numérique (nous avant on disait analphabète du 21è siècle). Je ne sais pas s’il y’a beaucoup d’illectronistes à Kinshasa, peut être à l’intérieur du pays.  

Smombie : Qui n’a pas failli se faire ramasser par un véhicule ou une moto, car trop occupé(e) à écrire sur WhatsApp ou Messenger ? Et bien, sachez que si vous avez les yeux rivés sur votre téléphone quand vous marchez ou conduisez, vous êtes un smombie. Un zombie enfermé dans le monde de votre smartphone. Cela est la cause d’accidents de la route ou dans une moindre mesure, de poussettes malencontreuses sur le trottoir.

Phubbing :

Quand on utilise son téléphone en ignorant la présence de ceux à côté de soi, c’est du Phubbing (une forme de snobisme numérique). Une fois à un rendez-vous, j’ai remarqué que la personne avec qui j’étais passait la moitié du temps à manipuler son téléphone plutôt qu’à être dans la conversation.

Ailleurs, il est formellement interdit d’utiliser son téléphone au cours d’une réunion (sauf pour qui vous savez). Voir des gens assis sur une table alternant entre face à face et Facebook/WhatsApp a quelque peu déshumanisé les relations humaines. Aux Etats-Unis, certains bars offrent des réductions aux clients qui laissent leurs téléphones à l’entrée afin d’éviter de les utiliser. On devrait peut-être faire de même ici.

SOPEKA : Et comment ne pas boucler ce tour d’horizon des pathologies numériques sans mentionner le SOPEKA (Sombela nga, Pesa nga, Kabela nga) qui en lingala veut dire (Achète, donne et offre-moi). Une forme de mendicité dans laquelle s’étaient spécialisées certaines jeunes filles dans leurs relations avec les garçons.

Sur Facebook, ça commence par une demande d’ami. Une fois acceptée, la fille, après quelques petites conversations en arrive au point ultime : Envoie-moi des unités, envoie-moi des mégas. Je dois passer un examen demain (même si c’est les vacances) et il me faut 10$ pour payer les frais d’enrôlement. Certaines filles ne peuvent s’en passer et ont généralisé cette pratique en ligne qui est devenue une obsession.

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