RTNC : le logo du Renouveau ou de l’éternel questionnement ?

17 Juin 2021 , Rédigé par TDK

A sa prise de fonction, le ministre de l’information et de la communication Patrick Muyaya avait déjà donné le ton. Lui qui, député était omniprésent dans l’univers médiatique devenait porte-parole du gouvernement. Inaugurant son mandat avec la journée mondiale de la liberté de la presse, il consulte les corporations des médias et fédère autour des objectifs du nouveau gouvernement. Parmi les désidératas, l’audience du nouveau Ministre est unanime sur un point : la modernisation de la RTNC.

Car le désamour entre l’opinion publique et la chaine nationale date de longtemps. Boudé par les jeunes qui la trouve vieillotte et plus militante dans la sphère politique, le média public est sur la sellette. L’éruption volcanique du Nyrangongo à l’est de la RDC marquera à jamais les esprits. Un moment crucial où, les chaînes internationales et les réseaux sociaux prirent le relais, pendant que la chaine nationale continuait sa grille de programmes comme si de rien était. Devant le tollé, les changements s’accélèrent. Un nouveau Directeur de l’information est nommé et la RTNC réussit à diffuser en permanence sur son canal Youtube, à la grande satisfaction de la diaspora congolaise, déjà accoutumée à suivre la retransmission des matchs de football piratée par d’autres Youtubeurs.

Une nouvelle identité visuelle

En partenariat avec Internews et l’Union européenne, la RTNC lance son processus de réjuvénation. Le concours destiné aux jeunes créateurs locaux (personnes physiques et morales) entend donner la chance aux artistes congolais de se mettre en exergue contre une cagnotte de 10 millions de francs (l’équivalent de 5.000 $).

Pourtant, des voix s’élèvent pour fustiger le montant qui ne correspondrait pas à l’envergure du projet, estimant que concevoir le logo d’une grande institution constituerait l’œuvre d’une vie et devrait placer son concepteur à l’abri du besoin. Ce qui n’est pas forcément ce que l’on croit.

En France par exemple, le tarif journalier d’un graphiste junior est de 300 euros l'heure. Les designers expérimentés trônent avec au moins 100 euros en plus, pendant qu’une agence de design facture au minimum 2500 euros pour un logo et son univers graphique. La méthode de création, la complexité et très souvent, la charte graphique qui y est associée jouent énormément dans le prix.

Ici en RDC, le rebranding visuel d’un concessionnaire automobile pour lequel je travaillai n’avait pas atteint cinq chiffres. Il était pourtant accompagné d’une charte graphique nouvelle avec des instructions sur le positionnement des images, la taille des cartes de visite, des bannières et images de profil sur le web, des signatures e-mail, des formats print à afficher dans la rue, etc.

Loin des clichés qu’on s’en fait, les logos les plus célèbres n’ont pas forcément transformé leurs concepteurs en monarques mutli-millionaires. Celui de Nike par exemple n’a coûté que 35 $. Twitter a tiré son logo d’une banque d’images en ligne en ne payant que 15 $ de frais.

Bien évidemment, d’autres logos ont atteint des proportions élevées avec des millions d’euros à la clé, mais des telles cotations sont assez rares, comme le rebranding de British Petroleum après une marée noire en 2010, qui a fait dépenser au groupe pétrolier 170 millions d’euros.

Le logo de la chaine américaine CNN a par exemple coûté 2.800 $ et fut conçu par Anthony Guy Bost, Professeur à l’Université de Auburn au Texas.

Paiement différentiel : le cas des multinationales et ONGI

La différence entre les coûts des prestations entre pays est une autre variable à prendre en compte dans l’équation. Ce serait un peu comme comparer deux personnes gagnant 1.000 $ par mois. L’un étant en France et l’autre en RDC. Rien étant forcément égal, cette somme représentera un salaire de misère lorsqu’indexé au coût de la vie en France, alors qu’en RDC, elle fait de vous un cadre supérieur.

Voilà pourquoi très souvent, pour un même organisme présent dans plusieurs pays du monde, les salaires s’adaptent au coût de la vie locale et à plusieurs autres facteurs règlementaires.

Je me rappelle encore d’un incident impliquant l’émetteur de la radio Top Congo, endommagé par les intempéries à Binza Pigeon. Descendu sur les lieux, le propriétaire de la chaîne, Christian Lusakweno affirmait que le rendement des stations de radio privées n’était pas le même en RDC qu’en Europe, car ici, le coût de la publicité était différent.

Alors pourquoi les gens épiloguent-ils autant sur le coût du logo de la RTNC ? Quoi qu'il en soit, pour avoir travaillé dans des agences de communication, 5.000 $ répondent aux standards de l'industrie.

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