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par Trésor Kalonji

Quelles sont les caractéristiques d’un gouvernement technologiquement mature ?

4 Septembre 2019 , Rédigé par TDK Publié dans #Afrique, #RDC, #numérique, #digital

Devant les présidents du Parlement, gouverneurs, acteurs de la société civile et diplomates accrédités à Kinshasa, le chef de l’Etat a procédé au lancement de l’atelier national de validation du Plan national du numérique Congo Horizon 2025.
C’est à cette occasion que le président Félix Tshisekedi, a annoncé qu’au bout de ses travaux, la République démocratique du Congo amorcera la transformation numérique des services publics, notamment par la mise en place d’un service de e-Visa ou visa électronique.

L’établissement d’un visa électronique est une mesure à moyen terme dont la matérialisation serait le premier pas de cette volonté de transformation souhaitée par le président, malgré le scepticisme affiché par plusieurs acteurs quant à la capacité du gouvernement de mener à bien ces réformes.


Des réformes qui s’avèrent primordiales pour le succès de son mandat, car plusieurs études semblent confirmer la thèse qu’une pénétration de 10 % des TIC dans un pays générerait 1 % de croissance du PIB. 

Mais au-delà de cet aspect administratif novateur pour notre administration, la transformation numérique réelle ne pourra se jauger qu’à l’aide d’indicateurs qui évalueront le niveau de performance que nous aurons atteint sur plusieurs aspects. 


Quelles sont les caractéristiques d’un gouvernement technologiquement mature ?

Amorcer une transformation digitale n’est pas qu’une question de technologie. Le cabinet d’étude Deloitte énuméré dans un rapport les cinq facteurs d’une transformation digitale organisationnelle réussie : 

1) La stratégie : un plan d’action qui se doit d’être clair et cohérent. (la version finale du plan national du numérique)

2) Le leadership : demande une compréhension de l’évolution des tendances et normes technologiques par les décideurs. On a ici besoin de cadres technophiles qui ne voient pas dans le numérique, des surcoûts inutiles ou peu importants. Une aversion résultant très souvent de l’expérience personnelle de ces dirigeants. 

Si vous avez un directeur qui n’est pas très à l’aise avec les réseaux sociaux ou qui ne voit pas l’importance de mettre en place une charte d’utilisation des ressources numériques, c’est toute l’organisation qui subit les effets de ce désintéressement. 

3) La qualité de la main d’œuvre : une politique et une culture de renforcement de capacités permanente pour permettre au personnel de tirer le meilleur de ce que procure le numérique. Cela nécessite au-delà de la formation permanente et de la sensibilisation, un investissement à la hauteur. 

En 2009 par exemple, une entreprise que je fréquentais a trouvé inutile d’investir dans une solution anti-virus. A cette époque, l’Internet n’était pas très répandu et les virus informatiques proliféraient d’un support amovible à un autre. L’action d’un code malveillant a détruit leurs fichiers de travail, leur faisant perdre des données accumulées pendant plusieurs mois en une seule fois. 

Ce scénario a créé pendant longtemps, une hantise des virus informatiques dans plusieurs administrations et bureautiques, où les clés USB étaient soit prohibées soit minutieusement analysés avant usage. Je me rappelle encore de tous ces gens, qui demandait si votre clé USB n’était pas infectée avant de pouvoir le brancher. 

4) Des solutions centrées sur l’utilisateur
Mettre en place des solutions qui répondent aux besoins des usagers finaux se devrait être le but ultime. Quels services le numérique l'administration publique peut-elle procurer aux citoyens ? 
La stratégie mise en place permet-elle d’améliorer la façon dont l’usager utilise un service ? 

Permet-elle de favoriser la transparence (affichage du prix d’une démarche administrative par exemple ou d’une procédure) ? Génère-t-elle un engagement favorisant le rapprochement entre gouvernants et gouvernés (par exemple via les réseaux sociaux) ?

5) Culture du numérique 
C’est ici qu’on devrait arrêter de voir les sites web des ministères être créés à chaque fois qu’un nouveau ministre est nommé. Des comptes sociaux et de boites e-mails qui disparaissent ou sont renouvelés à chaque remaniement ministériel. 

Pendant la transition entre la prestation de serment du président Tshisekedi et la sortie du gouvernement, seuls trois ministères (Affaires étrangères, Santé et Enseignement primaire, secondaire et professionnel) continuaient à communiquer sur Facebook et Twitter. Le relais ayant été pris par les administrations (secrétariats généraux). 
A côté de cette politique dite de la table rase, les services arrivent-ils à travailler en synergie entre eux ? 

Le design des sites web se fait en fonction des goûts personnels de ceux qui les commandent, sans standard prédéfini. 

Se partagent-ils des informations ? Modèrent-ils le contenu postés par les usagers sur les sites et les comptes sociaux ? Réfléchissent-ils à des moyens d’améliorer leur productivité, leur rendement ou le service aux citoyens ? Prennent-ils en compte les nouvelles tendances ? 

Pendant son allocution, Félix Tshisekedi a également annoncé la tenue d’un Forum régional sur le numérique en avril 2020 : 
« Cet événement, qui verra les acteurs de l’écosystème numérique africain se réunir dans notre pays affirmera ainsi la place que la RDC entend désormais occuper dans ce secteur devenu hautement stratégique » a dit le président.

Il est donc important que la RDC puisse d’ici là, réellement amorcer le processus et se positionner au-delà d’un simple lieu pour des rencontres sous-régionales, mais en qualité d’une cyber-puissance émergente et de faire du numérique, un outil pour son positionnement géopolitique. 

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