Mai 2017 : Nous sommes aux petites heures du matin. Deux jeeps de la police roulent doucement dans le quartier très huppé de Macampagne à Kinshasa. Une dizaine de policiers armés font irruption dans une villa, tirant ses occupants du sommeil. Leur quête : une Mercedes dérobée plusieurs mois auparavant en Europe.

Les vérifications du numéro du moteur et du châssis confondent son pseudo-propriétaire qui se rend compte, malgré les preuves de paiement exhibées à la Police, qu’il possédait en réalité une voiture volée, acquise en troisième main auprès d’autres acquéreurs.

Depuis plus d’une décennie, les véhicules volés en Europe avaient inondé la capitale de la RDC, se négociant à plusieurs dizaines de milliers de dollars pour certains modèles de luxe. Le phénomène avait un moment décru, pour repartir de plus belle, sous la couverture de la dynamique du commerce transfrontalier.

C’est pour lutter contre ce phénomène que la Police de Kinshasa a lancé ce mois l’opération USALAMA dans le but de retrouver une centaine de véhicules volés en provenance des pays limitrophes et d'ailleurs.

Ce sont au total 64 véhicules dont 33 toyota, 13 Hyundai, une chevrolet, une Nissan, 3 Mitsubishi, 3 KIA, 4 Ford, 3 Suzuki, une Renault, un camion SinoTruk et une FIAT qui ont été introduit sur le marché Kinois par le sud-ouest. A cela s’ajoutent une centaine d’autres véhicules entrés via l’Est du pays.

Vente en ligne
Préférant éviter les places publiques où sont exposées des véhicules d’occasion comme Sendwe, Tata Raphaël ou à Binza, les voleurs préfèrent écouler ces véhicules par des ventes de gré à gré, notamment à travers des groupes Facebook ou WhatsApp où les offres sont de plus en plus nombreuses.

Les voleurs créent toutes les conditions pour éviter toute suspicion avec de faux feuillets jaunes, faux actes de vente ou de documents douaniers falsifiés avec de fausses identités pour duper les acquéreurs.

Recel
La loi congolaise inscrit les personnes achetant des objets volés dans la catégorie des receleurs. Bien au-delà des véhicules, ce sont d’autres produits de luxe comme des téléphones de moyenne et de haute gamme qui sont écoulés à la place Botour à Kinshasa, qui est le point de convergence pour les voleurs de téléphones et d’ordinateurs portables.

Des voleurs aux bras longs
Interpol traque un Namibien qui a volé une Toyota Fortuner à Capetown en Afrique du Sud dont ils soupçonnent la présence en RDC: Quiama Moise âgé de 48 ans. Le véhicule de couleur argentée a pour numéro de châssis ARTCBBGS402206202 et comme numéro sur le moteur 2GD4313927. Comme lui, d’autres opèrent à partir de l’Angola et de l’Ouganda, d’Europe ou d’Asie. A défaut de les vendre à des particuliers, les voleurs alimentent le réseau des pièces détachées très prospère pour certaines marques comme Toyota.

Une atteinte à la filière ?
Le recel de véhicules risque de porter un coup dur au secteur de la vente d’occasion. Si les sociétés qui se sont spécialisées dans ce business en sont exemptées, ce sont les privées qui souffriront le plus de cette situation. Le manque de traçabilité précise des véhicules vendus étant difficile et les nouveaux propriétaires n’acquièrent pas souvent le réflexe de se faire déclarer au fisc par peur des impôts et autres redevances.

Que faire ?
Vous avez des doutes sur l’origine d’un véhicule ? Votre voiture a été volée ? Contactez la police en écrivant à : interpolrdc@yahoo.fr
Votre demande doit contenir :
1. Pour les individus : noms, prénom, date de naissance (facultatif)
2. Pour les véhicules : numéro de châssis obligatoire (16 ou 17 caractères), numéro du moteur (facultatif)
3. Pour les documents : numéro du passeport ou de la carte d’identité.

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Attention : vous conduisez peut-être une voiture volée