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par Trésor Kalonji

Félix Tshisekedi confie à un ministre la mission de gérer les " Congolais du milieu "

14 Septembre 2019 , Rédigé par TDK Publié dans #Afrique, #RDC, #économie


Je n’ai jamais su qui était en charge de la dénomination des noms des ministères. Un secret visiblement bien gardé. Car si je connaissais ceux derrière ça, j’aurai demandé les attributions du nouveau Ministère des Classes moyennes, Artisanat, petites et moyennes entreprises. Pas que je ne sache pas ce quelles sont ses attributions, mais parce que je me demande quel sera le rôle du Ministre Justin Kalumba Mwana-Ngongo par rapport aux "classes moyennes". 

Oui, classe moyenne, c’est de ce mot dont il est question dans cet article, mais également dans les multiples forums et conférences qui traitent de la problématique de l’emploi et du chômage en RDC. Car le flou autour de ce concept est énorme. Tantôt, on dit que ce sont les entrepreneurs qui les constituent, tantôt, on y place les fonctionnaires aux salaires majorés. 

Au 5è Forum économique Makutano de Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a émis le voeu de voir émerger une classe de millionnaires. Une catégorie de privilégiées enviée par d'autres qui gravitent tout autour, dont les classes moyennes justement.

En creusant la question, je suis tombé sur une classification faite par la Banque africaine de Développement. Même si elle ne fait pas l’unanimité auprès des experts, elle donne un avant-goût de l’identité de ceux considérés comme étant membres de la classe moyenne.


- Le groupe dit flottant : 
Ils sont situés légèrement au-dessus des très pauvres. Ils gagnent entre deux et quatre dollars par jour. Leurs revenus sont essentiellement consacrés à la survie à travers la satisfaction des besoins sociaux de base comme l’alimentation et le logement. Une position très précaire car, un événement majeur peut les faire basculer de nouveau dans la pauvreté. 

La hausse du prix du carburant avec comme incidence celle du transport en commun, des prix des denrées alimentaires de première nécessité (maïs, riz, poissons), la hausse du taux de change, les spéculations immobilières avec l’augmentation des loyers, une instabilité politique (ville morte) sont autant de facteurs à risques qui menacent la stabilité des flottants. 

- Le groupe dit intermédiaire :
Leurs revenus se situent entre quatre et dix dollars par jour. Ils ont dépassé le stade de la survie ou comme disent les habitants de Kinshasa (BA LONGA NZALA : ils ont vaincu la faim). 

Libérés des contraintes du quotidien, particulièrement celui de l’alimentation de base, ils bénéficient d’une certaine aisance sociale et accèdent à des biens et services que les flottants ne peuvent se permettre. Dans la mentalité populaire Kinoise, ceux qui accèdent à ce statut essaient de se démarquer en fréquentant les super-marchés, les fast-foods et les endroits branchés. 

- Le groupe supérieur :
Ils gagnent plus de dix dollars par jour. Le confort de leur situation leur permet d’investir dans des biens comme un véhicule, des logements d’un meilleur standing. Les cadres supérieurs mais également les hauts fonctionnaires et les commerçants appartiennent à cette niche. Ils constituent une sorte de mini-patronat non-officiel. N’est-ce pas cette catégorie que les Kinois surnomment MOPAO (patrons ?)

C’est tout ?
Oui, c’est tout. Voilà selon la Banque africaine de Développement les trois groupes constituant la classe moyenne. Ils sont situés entre les pauvres en bas de la pyramide gagnant moins de deux dollars par jour et les riches au sommet dont les revenus dépassent 100 dollars par jour. 
 

De quoi laisser me perplexe. Un propriétaire de taxi gagne au moins 20$ par jour comme versement journalier, mais les extras de son chauffeur, surnommé MBUENGI sont généralement d’au moins 5 $ selon les témoignages de ceux que j’ai interrogé. 

Malgré cela, le chauffeur de taxi n’est pas à l’abri des besoins de base, car son mode de consommation ne comprend très souvent que la restauration (Malewa) et la boisson, le laissant dans une situation précaire et instable, car une panne sérieuse du véhicule qu’il conduit l’immobilise et le plonge dans la pauvreté. (très peu d’entre eux épargnent). 

En juillet 2018 devant les deux chambres du Parlement, l'ancien Président Joseph Kabila révélait que de 2010 à 2018, le salaire des agents et cadres dans le secteur privé était passé de 300 à 1.000$ pour les cadres moyens et de 1.500 à 5.000$ pour les cadres supérieurs. 

C’est à se demander si le seul revenu devrait être le facteur déterminant pour situer la classe moyenne. Les actions du nouveau Ministre devraient à mon sens se focaliser sur les mécanismes devant permettre aux Congolais de maximiser leurs revenus. Cela suppose de disposer de plusieurs sources d’entrée, de s’imposer une certaine discipline financière pour se mettre à l’abri des aléas et de la détermination d’objectifs d’épanouissement personnel, car beaucoup de ces "Congolais du milieu" semblent naviguer à vue. 

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